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joies du plein air au siècle des lumières[*]

Par ANOUCHKA VASAK

Les Français, dit-on, sont aujourd’hui parmi les peuples les plus pessimistes. Cette humeur « morose » ne les a semble-t-il pas toujours caractérisés. La phrase de Saint-Just prononcée à la Convention le 3 mars 1794, « le bonheur est idée neuve en Europe », était militante : la Révolution, cette aurore nouvelle que Hegel célèbrera, promet le bonheur des peuples. Mais « l’idée de bonheur » n’est pas neuve au XVIIIe siècle, on le sait depuis Robert Mauzi et toutes les études que Guilhem Farrugia a rappelées. De quel bonheur parle-t-on, car comment croire que cette société — nous nous en tiendrons à la française, éclairée par les Lumières européennes — qui mit fin à l’Ancien Régime ait pu jouir sans partage ? Si le bonheur XVIIIe est mêlé d’inquiétude, ne se comprend même que dans cette dialectique, si les Lumières ne sont si éclatantes qu’à raison de l’ombre qu’elles combattent ou qui toujours les menacent, le bonheur existe bien comme une sensation ou un sentiment nouveau, que textes et représentations exaltent. Au cœur de cette jouissance nouvellement éprouvée, il y a, liée à de récentes découvertes scientifiques et d’inventions techniques, celle de l’air. C’est à la fin du siècle seulement, à partir des découvertes de Lavoisier, que aérostats et fluides aériformes entrent en scène et dans la langue. Mais les plaisirs du grand air, les jeux de plein air, les sensations exquises procurées par les brises ou les vents orageux n’ont pas attendu « la révolution scientifique » de Lavoisier, que l’on peut dater de 1783, et la nouvelle nomenclature qu’il établit quelques années plus tard — peu avant la Révolution qui exigea sa tête. L’air était dans l’air du temps dès avant cette, ces révolutions. C’est pourquoi nous partirons de ce bouillonnement scientifique qui, si l’on ose dire, passa à l’état gazeux à la fin du siècle, pour rendre compte de l’effervescence d’un siècle aérien quand il fut rococo, amoureux de l’air et des « conduites ascensionnelles[1] », toujours. Car le XVIIIe est bien le siècle de « l’invention de la liberté ». Et Bachelard rappelait que « dans le règne de l’imagination l’épithète qui est le plus proche du substantif air, c’est l’épithète libre[2] ». Plus dure, sans doute, sera la chute.

De l’air

C’est bien à Lavoisier qu’il faut attribuer la « révolution scientifique[3] » dans l’analyse de l’air, mais aussi de l’eau. Elle met fin à l’antique théorie des quatre éléments — le feu, l’air, l’eau et la terre —, pourtant encore très vigoureuse au XVIIIe siècle, puisqu’on la retrouve dans le Dictionnaire de chimie de Macquer (1766). À ces quatre éléments, il fallait encore associer le phlogistique, feu central présent dans le globe terrestre, principe responsable des combustions : suivant cette théorie, « tous les matériaux combustibles contiennent un élément inflammable, qui se libère au moment de la combustion et se dégage dans les airs[4] ». Avec Lavoisier, l’air n’est plus considéré comme un élément, mais comme un mélange, une combinaison chimique, un composé de gaz. Pour Lavoisier, la combustion « est une combinaison avec l’air. La source de chaleur n’est plus dans le combustible (phlogistique) mais dans l’air (calorique[5]) ». En fait, la théorie du phlogistique ne sera  que progressivement abandonnée, au corps défendant de nombreux savants : Priestley dans ses Observations on Different Kinds of Air de 1774 croit encore au phlogistique, Cavendish, qui isole l’hydrogène en 1776, parle d’« air phlogistiqué » (azote) et d’« air déphlogistiqué » (oxygène). Lavoisier continuera d’employer, non sans ambiguïté (B. Bensaude-Vincent), le terme d’« élément ».  Mais la révolution qui place la chimie au rang de première science, détrônant la physique, est aussi celle qui met l’homme à sa place : dès le Mémoire sur la respiration des animaux (1777), avant celui « Sur la composition de l’eau », avant les Réflexions sur le phlogistique (1783) et le Traité élémentaire de chimie (1789), l’homme, qui, comme on le voit dans le dessin de Marie-Anne Lavoisier analysé par Claude Reichler[6], aspire l’air à travers un embout, est « traité comme une fonction dans un système de variables ». 1783 est sans doute la date à retenir pour cette révolution, qui ouvre en même temps la voie à de nouvelles expériences euphoriques revitalisant d’anciens mythes démiurgiques, celles des premières ascensions de ballons : Lavoisier travaille avec la commission d’études pour le perfectionnement des aérostats, et c’est cette année-là qu’auront lieu les premiers voyages humains en montgolfières (Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes, 21 novembre ; Charles et Robert, 1er décembre).

Mais l’air était déjà au centre des débats, et son étude, objet d’enjeux contradictoires, préparait d’autres révolutions. L’histoire de l’air tel qu’il est défini dans l’Encyclopédie a été remarquablement déployée dans un numéro des Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie[7]. L’air intéresse depuis longtemps les encyclopédistes, à commencer par d’Alembert (Réflexions sur la cause générale des vents, 1746). Objet frontière, typique de l’esprit encyclopédique, il est au croisement de plusieurs « disciplines », physique, chimie, mais aussi religion, peinture, musique. Au moment où d’Alembert rédige l’article AIR (1751), ni les découvertes de Lavoisier, ni les avancées de la chimie sous l’influence notamment du cours de Rouelle, n’ont encore eu lieu. Rouelle lui-même s’appuie sur les travaux de Stephen Hales (en particulier ceux sur « la statique des végétaux », 1727), que d’Alembert ne cite que rapidement, et qui ont contribué au « développement du rôle purement chimique attribué à l’air[8] ». Si bien que c’est dans l’article CHIMIE de l’Encyclopédie, rédigé par Venel, qu’on trouve les plus grandes innovations théoriques, notamment en ce qu’il reconnaît « l’air comme un élément chimique, autrement dit constituant de la matière[9] ». L’air dans l’Encyclopédie présente ainsi un curieux mixte, entre l’ancien et le nouveau, le savant, le mythique et le religieux : on y trouve un article AIR en théologie, alors que, comme le montre Sylviane Albertan-Coppola, il n’existe pas dans la Cyclopaedia de Chambers dont l’Encyclopédie se veut pourtant la traduction enrichie. La rémanence des référents bibliques contraste avec l’« effervescence » (mot clé de la chimie d’alors) des réflexions chimiques et physiques sur l’air.

Où est le bonheur dans tout cela ? En tant qu’objet d’étude et enjeu épistémologique tout au long du siècle, l’air participe de l’entreprise générale de laïcisation des connaissances, malgré un Dom Calmet, par exemple, qui rédigea l’article AIR (Théol.). L’air concerne l’homme au premier chef, car c’est de son milieu vital qu’il s’agit, et son étude, parce qu’elle met à sa portée des connaissances jusque là réservées aux seuls cercles savants[10], implique fondamentalement le sujet. L’air fait l’objet de nombreuses expériences qui permettront, sur le modèle scientifique, une meilleure connaissance de soi, comme l’a montré Michel Delon[11]. L’homme devient également l’objet de préoccupations neuves, sociales : on va se soucier désormais de sa santé. Enfin, la réflexion sur l’air, évidemment contemporaine du sensualisme, ouvre de nouveaux droits au plaisir, notamment au plaisir esthétique. L’article AIR en peinture rédigé par Paul Landois pour l’Encyclopédie met au premier plan le spectateur et les sensations qu’il peut éprouver. Partout, c’est de l’air que l’on réclame.

De l’air !

Air  se dit en Peinture de l’impression que fait un tableau, à la vue duquel on semble réellement respirer l’air qui règne dans la nature suivant les différentes heures du jour : frais, si c’est un soleil levant qu’il représente ; chaud, si c’est un couchant. On dit encore qu’il y a de l’air dans un tableau, pour exprimer que la couleur du fond et des objets y est diminuée selon les divers degrés de leur éloignement : cette diminution s’appelle la perspective aérienne[12].

La philosophie sensualiste éclaire en effet l’article AIR en peinture : le point de vue est celui du spectateur sensible. C’est lui qui détermine la perspective aérienne ;  « l’impression que fait le tableau » ne se limite pas d’ailleurs au seul critère de la vue. L’artifice suprême du peintre est de recréer les sensations physiques produites par l’air, qu’on « semble réellement respirer ». L’air est une nécessité vitale, il est aussi une nécessité esthétique qui engage une nouvelle théorie de la mimesis. Pedro Pardo Jiménez a bien montré l’enjeu de cette exigence : « Le mot capital est ‘faire circuler l’air’ », car « la réussite du peintre consiste non pas à imiter la nature, mais à en recréer les lois<[13] ». Gageure, car comme le dira Watelet dans son Dictionnaire des Beaux-Arts (1788) :

Comment peindre une substance qui, n’ayant ni forme, ni couleur apparente, mêle cependant un léger azur à toutes les teintes de la Nature ? Ce ne peut être qu’avec le secours de l’artifice[14].

Mais le plaisir esthétique est à ce prix :

Si l’imitation juste et fine des effets de l’air ne donne pas de la profondeur à votre tableau, en détruisant l’idée d’une superficie plate, pour y substituer celle d’un espace ; si l’air, enfin, ne semble pas circuler autour de chaque figure et de chaque objet que vous représentez isolé, vous ne faites qu’appliquer des découpures plus ou moins bien colorées les unes auprès des autres, et vous n’avez pas l’idée de l’Art que vous pratiquez[15].

Avant Watelet, Diderot a rappelé maintes fois cette nécessité, que les plus grands peintres, comme Vernet ou Chardin, ont comprise :

Vous entrez dans un appartement et vous vous dites : « Il y a bien du monde » ; ou : « On étouffe ici » [... ou :] « Qu’est-ce qui les a tous entassés dans cet endroit ? » ou : « Je les trouve bien isolés les uns des autres. » Eh bien, si vous avez ce tact qui n’est pas rare, il y aura de l’air entre vos figures, et elles ne seront ni trop pressées ni trop éloignées[16].

De l’air, de l’air ! Vernet en met dans ses tempêtes, où l’on entend « siffler les vents », Chardin travaille avec l’air et la lumière mêmes :

O Chardin, ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette ; c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau, que tu attaches sur la toile[17].

Respirer. Cette nécessité que les peintres des Lumières ont révélée et que les critiques d’art ont théorisée au moins dès le milieu du siècle, semble correspondre à un besoin physiologique sensible également au niveau social et collectif. Sans doute faut-il attendre la fin du siècle pour entendre des voix s’élever, telles celles de Louis-Sébastien Mercier, contre « l’air vicié » de Paris, les « vapeurs du charbon », le « méphitisme (mot nouveau, qui signifie vapeur empoisonnée[18]) ». Nouveau est le souci de santé lié au « bon air », qui certes ne caractérise pas le Paris du XVIIIe siècle :

Dès que l’air ne contribue plus à la conservation de la santé, il tue ; mais la santé est le bien sur lequel l’homme se montre le plus indifférent. Des rues étroites et mal percées, des maisons trop hautes et qui interrompent la libre circulation de l’air, des boucheries, des poissonneries, des égouts, des cimetières, font que l’atmosphère se corrompt, se charge de particules impures, et que cet air renfermé devient pesant et d’une influence maligne[19].

L’histoire de l’odorat a été faite par Alain Corbin dans son ouvrage devenu classique, Le Miasme et la jonquille : il nous apprend comment dès le milieu du XVIIIe siècle on assiste à un « abaissement des seuils de tolérance[20] » olfactive, concomitant d’une « hyperesthésie collective[21] ». Nouvelle exigence sanitaire, qui accompagne la naissance de plaisirs sensuels inédits, à la faveur, notamment, de la « promotion de l’odorat » : jouissances solitaires, celles d’odeurs que l’on dirait soudain révélées, comme celle du foin coupé, ou du grand air, avec la découverte de la campagne, et plus encore, de la montagne : alors, le plaisir solitaire pourra devenir bien d’intérêt public, du moins pour une population privilégiée, par la promotion des cures d’air et de l’aérothérapie.  On y reviendra.

Cette délicatesse olfactive est liée selon Corbin « à l’ascension du narcissisme » et au « bonheur d’être soi ». Le besoin d’air est en tout cas volontiers associé à la sensualité, comme on le voit dans Le Mariage de Figaro, folle journée qui s’achève sous les grands marronniers, et qui met en scène des espaces qu’il faut sans cesse ouvrir quand ils sont clos.

LA COMTESSE, se servant de l’éventail. – Ouvre un peu la croisée sur le jardin. Il fait une chaleur ici !...
SUZANNE. – C’est que Madame parle et marche avec action. (Elle va ouvrir la croisée du fond[22].)

Les plaisirs libertins ne sont pas loin, du moins le trouble des sens explique-t-il certaines vapeurs. En dehors de cette manifestation discrètement aristocratique du désir, cachée sous la couleur locale sévillane, le besoin d’air est avant tout besoin de liberté. Il faut rompre les anciens liens, il faut s’affranchir :

MARCELINE s’assied. – Ah ! je respire.
FIGARO. – Et moi, j’étouffe[23].

On trouvera aisément dans la littérature du XVIIIe siècle un éloge de la légèreté, dans tous les sens du mot : frivolité sensuelle, chez Crébillon, Laclos, Casanova, Vivant Denon, légèreté et subtilité des dialogues amoureux, d’abord chez Marivaux. Qui ne se souvient de la définition du marivaudage selon Voltaire qui reproche à Marivaux de peser « des œufs de mouche dans une balance en toile d’araignée ? ». Nous disons « littérature » ; mais il faudrait dire aussi « peinture » (Fragonard, Watteau, Boucher), et puis encore « musique ». Car le XVIIIe perfectionna aussi les instruments à vent, notamment la clarinette, et promut l’opéra et les « airs » de toutes sortes, et répétés à l’envi –quel transport, alors !

C’est par ces répétitions bien entendues, c’est par ces coups redoublés qu’une expression qui d’abord n’a pu vous émouvoir, vous ébranle enfin, vous agite, vous transporte hors de vous, et c’est encore par le même principe que les roulades qui, dans les airs pathétiques paraissent si déplacées, ne le sont pourtant pas toujours : le cœur pressé d’un sentiment très vif l’exprime souvent par des sons inarticulés plus vivement que par des paroles[24].

Qui écrit ces lignes ? Rousseau, bien sûr.

Un ouvrage récent, très XVIIIe oserais-je dire, joue sur cette légèreté d’un siècle proprement aérien. Par petites touches désinvoltes mais sûres, Marianne Alphand dans Ces Choses-là le nous donne un accès libre au bonheur d’un temps révolu, que la mémoire peut retrouver par les détails apparemment les plus insignifiants :

Regardez.
C’est le style du temps, aérien, typiquement rococo, quelques fils de soie assemblés à la hâte, un faire ensorcelant, de l’air, oh, de l’air, de la lumière, un mouvement dynamique et plein de surprise, un style, un anti-style, un opéra, ce rococo : cela chante, on s’exhibe, beaucoup d’effets, un idéal décoratif[25].

« Allez, dit-elle encore : de l’air, des riens[26] ».

Plaisir aristocratique, comme le serait la frivolité, dont un Monsieur Boudier de Villemert écrit une Apologie en 1750[27] ? Le XVIIIe sait jouir des lieux clos, libertins et vaporeux — à l’image de « la literie bouffante de Fragonard, prête à l’envol[28] » —, et le bourgeois préfère volontiers le bonheur domestique : « Le bonheur du bourgeois n’est pas ailleurs qu’en sa maison[29] », écrit Robert Mauzi, qui rappelle aussi l’éloge de la retraite proféré par le marquis de Lassay, ou dans le Dolbreuse de  Loaisel de Trégoate[30].

Mais ce que l’on découvre aussi, c’est le grand air. Et avec quel bonheur !

Le grand air

Comment ne pas faire ici la part belle à Rousseau ? Toute son œuvre est un éloge de la vie au grand air : bonheur individuel, solitaire, des voyages à pied et des nuits à la belle étoile ; modèle aussi de la vie heureuse, loin des miasmes de la société.

« La vie ambulante est celle qu’il me faut[31]. » On connaît ces pages admirables des premiers livres de Confessions, où Rousseau raconte avec une jouissance nostalgique ses voyages à pied, ses promenades, et peint le bonheur de sa « vie rustique » aux Charmettes. Un professeur de français ferait étudier avec profit le champ lexical du bonheur ambulant associé à la légèreté, et pointerait le mot « folâtre » comme un condensé de mouvement, de liberté et de plaisir enfantin du jeu. En route pour Turin, Rousseau se croit libéré de la nécessité :

Ainsi je marchais légèrement, allégé de ce poids ; les jeunes désirs, l’espoir enchanteur, les brillants projets remplissaient mon âme. Tous les objets que je voyais me semblaient les garants de ma prochaine félicité. Dans les maisons j’imaginais des festins rustiques, dans les prés de folâtres jeux, le long des eaux, les bains, des promenades, la pêche, sur les arbres des fruits délicieux, sous leurs ombres de voluptueux tête-à-têtes, sur les montagnes des cuves de lait et de crème, une oisiveté charmante, la paix, la simplicité, le plaisir d’aller sans savoir où. Enfin rien ne frappait mes yeux sans porter à mon cœur quelque attrait de jouissance[32].

Comment comprendre le bonheur ressenti à la lecture de ce passage ? Il tient certes aux images furtivement évoquées, entre tel vieux conte pour enfants et une allure déjà rimbaldienne, mais aussi à la légèreté de la syntaxe tout en ellipses, aux jadis bien nommées « liquides » : et l’air de la phrase nous gagne, devient entêtant.

Il faudrait citer tant d’autres passages : la journée des cerises passée à « folâtrer » encore, la description du paysage idéal « Jamais pays de plaine… », la guinguette au fond du jardin des Charmettes, lieu à la fois ouvert et clos ; et puis, tout simplement :

La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l’éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré sans gêne et sans crainte[33].

L’énumération dit la profusion des motifs de jouissance. Le bonheur peut être calme, mais au grand air toujours, avec Maman :

Tout semblait conspirer au bonheur de cette journée. Il avait plu depuis peu ; point de poussière, et des ruisseaux bien courants. Un petit vent frais agitait les feuilles, l’air était pur, l’horizon sans nuages ; la sérénité régnait au Ciel comme dans nos cœurs[34].

Le bonheur, faut-il dire la jouissance, c’est aussi de lancer des cailloux dans le torrent de Chailles[35], sur la route des Échelles — où Stendhal éprouvera d’autres émois — quand le malheur sera, à Môtiers, d’en recevoir. Le salut tient même à un lancer de pierre : qu’elle atteigne l’arbre, l’âme est sauvée ; qu’elle le manque, elle est damnée.

Tout en disant ainsi je jette ma pierre d’une main tremblante et avec un horrible battement de cœur, mais si heureusement qu’elle vint frapper au beau milieu de l’arbre[36].

Sauvé ! La vie au grand air ressemble au paradis. Montons encore d’un degré. Là haut, sur les montagnes du Valais, Saint-Preux éprouvera le bonheur « pur » du voyageur au-dessus de la mer de nuages.

Après m’être promené dans les nuages, j’atteignais un séjour plus serein d’où l’on voit, dans la saison, le tonnerre et l’orage se former au-dessous de soi ; image trop vaine de l’âme du sage, dont l’exemple n’exista jamais, ou n’existe qu’aux mêmes lieux d’où l’on en a tiré l’emblème.
Ce fut là que je démêlai sensiblement dans la pureté de l’air où je me trouvais, la véritable cause du changement de mon humeur, et du retour de cette paix intérieure que j’avais perdue depuis si longtemps. En effet, c’est une impression générale qu’éprouvent tous les hommes, quoiqu’ils ne l’observent pas tous, que sur les hautes montagnes où l’air est pur et subtil, on se sent plus de facilité dans la respiration, plus de sérénité dans l’esprit, les plaisirs y sont moins ardents, les passions plus modérées. Les méditations y prennent je ne sais quel caractère grand et sublime, proportionné aux objets qui nous frappent, je ne sais quelle volupté tranquille qui n’a rien d’âcre et de sensuel. Il semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour des hommes on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et qu’à mesure qu’on approche des régions éthérées l’âme contracte quelque chose de leur inaltérable pureté. […] Je doute qu’aucune agitation violente, aucune maladie de vapeurs pût tenir contre un pareil séjour, et je suis surpris que des bains de l’air salutaire bienfaisant des montagnes ne soient pas un des grands remèdes de la médecine morale[37].

Ce bonheur est d’abord défini comme une « paix intérieure », et en creux, par comparaison (plus de facilité, plus de sérénité, moins ardents, plus modérées). Bonheur négatif, comme l’éducation négative que Rousseau prône dans l’Émile ? La clé est plutôt dans l’approche sensualiste : il s’agit de trouver un équilibre par degrés, et l’adverbe « sensiblement » doit être ici entendu à la lettre.

Claude Reichler a montré[38] comment la célèbre sur le Valais, qui ne doit rien dit-il à une expérience réelle éprouvée par Jean-Jacques, fait appel d’abord à la tradition allégorique, et relève d’une représentation de l’air fondée sur la « doctrine classique des analogies », renvoyant aux quatre éléments de la physique aristotélicienne. La référence à l’éther (« régions éthérées »), cinquième élément introduit à l’époque de la Renaissance, confirme la référence implicite à un « système d’explication du monde » que les découvertes de Lavoisier réfuteront. Le néo-hippocratisme, fondé sur la théorie des humeurs et dont Rousseau est implicitement l’adepte, laissera progressivement la place à une nouvelle approche médicale, préconisant la « cure d’air » et l’« aérothérapie[39] » : alors la santé, première condition du bonheur social pensé par le siècle suivant et son hygiénisme, l’emportera sur le bien-être individuel. Mais avant cela, d’autres que Rousseau, inventeur peut-être du paradigme, ont décrit le bonheur  éprouvé dans la pureté de l’air des montagnes : le Genevois de Luc, en particulier, qui dans ses Lettres physiques et morales sur les montagnes (1778), dit ce qu’il doit à Rousseau pour l’expression de ce bonheur des hauteurs ; Ramond de Carbonnières aussi, qui dans son Voyage dans les Pyrénées (1789), « dépeint, écrit R. Mauzi, le bonheur de la montagne comme un repos ineffable et surhumain[40] ».

Faut-il dire pourtant que l’éloge de l’air des montagnes est quelque peu tempéré par les récits des premiers alpinistes ? Horace Benedict de Saussure, un des premiers à avoir fait l’ascension du Mont Blanc –mais non le premier- rapporte les malaises dus à la « rareté de l’air », sur les sommets les plus élevés, il est vrai, non sur les alpages rousseauistes :

La nature n’a point fait l’homme pour ces hautes régions ; le froid et la rareté de l’air l’en écartent ; et comme il n’y trouve ni animaux, ni plantes, ni même des métaux, rien ne l’y attire ; la curiosité et un désir ardent de s’instruire, peuvent seuls lui faire surmonter pour quelques instants les obstacles de tout genre qui en défendent l’accès[41].

Alors la victoire sur le Mont Blanc prend des allures d’épopée, et le registre épique le dispute au sublime. Car la montagne suscite un effroi délicieux, surtout pour qui ne fait qu’admirer ses paysages sans les arpenter : Burke analyse et théorise en 1757 ce delight sous le nom de sublime (A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful), suivi en 1790 par Kant (Critique de la faculté de juger, « Analytique du sublime »). La peinture des violentes manifestations de l’air, orages en montagne (Caspar Wolf, Jens Juel, puis Turner) et tempêtes en mer (Vernet, Loutherbourg, Turner encore), suscite de nouvelles jouissances esthétiques. Mais l’air procure aussi quelques « menus plaisirs », volontiers sensuels.

Érotiques et jeux en l’air : escarpolette, danses, acrobaties

Il faudrait s’arrêter à d’autres tableaux, d’autres images. Car l’essentiel ici est dans la représentation. Où l’on voit que le bonheur éprouvé est d’abord jouissance du corps découvert, dans tous les sens du mot. Il y a les jolis jeux qui font l’épreuve de l’air, comme le volant d’Arlequin poli par l’amour :

SILVIA. – Que ce berger me déplaît avec son amour! Toutes les fois qu'il me parle, je suis toute de méchante humeur. (Voyant Arlequin). Mais qui est-ce qui vient là ? Ah ! mon Dieu ! le beau garçon !

ARLEQUIN entre en jouant au volant ; il vient de cette façon jusqu'aux pieds de Silvia ; la, en jouant, il laisse tomber le volant, et, en se Laissant pour le ramasser, il voit Silvia. Il demeure étonne et courbé; petit à petit et par secousses il se redresse le corps. Quand il s'est entièrement redresse, il la regarde ; elle, honteuse, feint de se retirer; dans son embarras, il l'arrête, et dit : Vous êtes bien pressée[42] !

Tous les lazzi visuels de la Comédie italienne sont des jeux muets avec l’espace et l’air. Ces jeux comiques peuvent aussi, chez les Comédiens-Italiens de Marivaux qui s’éloignent de la commedia dell’arte, devenir un ballet érotique. Et si la Pulcinella se balançant sur une corde de Tiepolo[43] (dessin) donne une idée de spectacles populaires, la danse est un autre plaisir sensuel et aérien, aristocratique dans plusieurs tableaux de Nicolas Lancret. Dans La Danse dans un pavillon (vers 1720), que Starobinski choisit parmi d’autres pour évoquer « le divertissement et la satire » dans L’Invention de la liberté<[44], la danse est un prétexte au rapprochement des corps ; toute la décoration du pavillon, dont les larges croisées ouvrent sur un parc, rappellent cette érotique sous la forme de bas-reliefs et de tableaux: amours sensuels, voluptueuses Terpsichores. Des motifs décoratifs similaires, mais sur un mode clairement mythologique, sont présents bien sûr dans le Pèlerinage à Cythère de Watteau (1717) : les amours ailés s’égaient en liberté dans les airs et sur les robes bouffantes. Et s’ils sont plus discrets dans Les Hasards heureux de l’escarpolette de Fragonard, leur présence y est comme un blanc seing donné au plaisir, oserons-nous dire, de « s’envoyer en l’air ».

Mais il est des virevoltes plus acrobatiques, parfois accidentelles, non moins plaisantes toutefois. Il y a celle, fictive en fait, de Figaro, « soleil tournant », qui prétend, pour éloigner les soupçons du Comte, avoir sauté dans la melonnière d’Antonio, quand c’est Chérubin qui s’est échappé par la fenêtre de la Comtesse. À Antonio, méfiant, qui pense avoir reconnu la silhouette du petit page pelotonné dans les giroflées, Figaro rétorque avec insolence : « Un plus adroit, n’est-ce pas, serait resté en l’air[45] ? » Puis le voilà s’enferrant, contraint d’admettre que le page a sauté :

LE COMTE. – Ainsi vous et lui…
FIGARO. – Pourquoi non ? la rage de sauter peut vous gagner : voyez les moutons de Panurge ! Et, quand vous êtes en colère, il n’y a personne qui n’aime mieux risquer…
LE COMTE. – Comment ! deux à la fois ?...
FIGARO. – On aurait sauté deux douzaines. Et qu’est-ce que cela fait, monseigneur, dès qu’il n’y a personne de blessé[46] ?

Sauter, une manie collective ?

Plutôt une manière d’esquive. C’est le cas, lors d’un accident bien réel, celui dit de Ménilmontant que Rousseau rapporte dans la Deuxième promenade des Rêveries du promeneur solitaire. Pour éviter le chien danois qui va le percuter, Rousseau imagine en un instant un subterfuge, dont l’improbable réalisation produit un effet comique :

Je jugeai que le seul moyen que j’avais d’éviter d’être jeté par terre était de faire un grand saut si juste que le chien passât sous moi tandis que je serais en l’air. Cette idée plus prompte que l’éclair et que je n’eus le temps ni de raisonner ni d’exécuter fut la dernière avant mon accident[47].

Oui, folle gaieté, vrai bonheur, malgré les « embrouilles », malgré les chutes. La gaieté de Figaro, le bonheur de Jean-Jacques, sont contagieux. Et nous mettent en apesanteur : « Je naissais dans cet instant à la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j’apercevais[48] ».

L’apesanteur pourrait être le dernier degré sur l’échelle des jouissances aériennes.

Transports aériens, ballons et hommes volants

Les moins jeunes d’entre nous s’en souviennent comme d’un émerveillement : les premiers pas d’un homme sur la lune, le 21 août 1969, restent gravés en nous comme un rêve, et les plus jeunes, cette fois, pourraient à bon droit douter de la réalité historique d’un événement proprement sidérant. Nous peinons de même à croire à la merveille que furent les premières ascensions de montgolfières, ces grosses boules richement décorées qui nous paraissent si lourdes –même si, à l’occasion, nous voyons dans les airs aujourd’hui quelques ballons, mais ultra-légers, ou d’étranges machines volantes. Et « cette chose-là » est bien de l’étoffe des songes : « singalette verte[49] » et taffetas, papier gris et rubans[50]. La réalité est trop proche ici de l’utopie, celle de L’Homme volant de Rétif de la Bretonne[51], de l’homme oiseau d’Antoine Mongez[52], ou, avant lui, et pour ne s’en tenir qu’au XVIIIe siècle, du Micromégas de Voltaire, cet habitant de Sirius qui « tantôt à l’aide d’un rayon du soleil , tantôt par la commodité d’une comète, […] allait de globe en globe[53] ». Car deux rêves aériens se font concurrence au siècle des Lumières, celui des hommes volants, et celui des machines volantes : la machine rêvée par Robertson, la Minerve, fabuleux navire aérostatique dont le projet est publié en 1803[54], restera imaginaire, mais…

La montgolfière s’envola pour de bon. Et le spectacle se répéta. La première fois que des hommes quittèrent la terre dans ces drôles de machines, ce fut donc en 1783 : Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes le 21 novembre; la seconde, Charles et Robert, le 1er décembre. Et cette merveille est due aux découvertes de Lavoisier. Dans un ouvrage remarquable, L’Aérostation au temps des Lumières, Marie Thébaud-Sorger retrace l’aventure, bien au-delà de l’événement. Elle montre les soubassements scientifiques et les retombées économiques, décrit la fête et le spectacle extraordinaires que furent les ascensions aérostatiques, véritable phénomène sociologique qu’on qualifia de « ballomanie[55] ». À lire les récits des aéronautes, mais aussi les comptes rendus des journaux, on est frappé par la variété du vocabulaire sinon du bonheur, du moins du plaisir : « euphorie », « ravissement », « jouissance », « enthousiasme », « ivresse ». L’« hilarité » est la première manifestation de l’émerveillement des spectateurs, et l’enthousiasme des premiers témoins est là encore communicatif. Quelques jours seulement après l’ascension de Pilâtre de Rozier, on peut lire dans le Journal général de France :

Il est certain que les expériences aérostatiques commencent à devenir extrêmement intéressantes ; les personnes mêmes qui tâchent de se défendre d’un enthousiasme qui enflamme actuellement toutes les têtes, n’ont pu voir sans la plus vive admiration le ballon marchant majestueusement dans les airs, et transportant deux intrépides voyageurs. Ils sont certainement les premiers depuis le commencement du monde […]. L’art de voyager dans les airs n’est donc pas une chimère pour les hommes[56].

Est-ce le même rédacteur qui reprend, le 1er décembre :

Il serait difficile de vous peindre le ravissement et l’enthousiasme qu’a produit dans la capitale le spectacle merveilleux dont MM. Charles et Robert viennent de la faire jouir[57].

M. Thébaud-Sorger montre que l’on peut faire une lecture érotique de ces jouissances rapportées par les observateurs, émoustillés par la présence des femmes parmi la foule, elle-même assimilée à une femme en transes[58].

Quoi qu’il en soit, chaque envol de montgolfière, du moins dans les premiers temps, est un spectacle, et une fête. La foule a les yeux fixés sur le ciel, et les plus audacieux cherchent à s’élever, se hisser  sur les murs, les toits, les arbres. La fête aérostatique, qui bientôt ne sera pas seulement parisienne, est une fête populaire, comme le seront les 14-Juillet — à ceci près que ces heures chômées ne sont pas prises sur des jours « fériés » :

La plupart des artisans désertèrent leurs boutiques pour jouir de ce spectacle, c’est un plaisir de les entendre au retour parler de physique. Les uns s’écriaient : ah, que c’est beau ! Mais nous avons perdu une demi-journée. L’autres ajouta je suis charmé d’être venu : on ne voit point tous les jours des ballons aussi bien montant ; quelle différence avec d’autres qui nous ont pareillement fait perdre notre temps[59] !

Quant aux voyageurs eux-mêmes, quelle jouissance aussi, aux premiers envols ! Voici comment Pilâtre de Rozier rapporte ses sensations, au plus près du lieu où naissent les météores :

Arrivés dans les nuages, la terre disparut entièrement à nos yeux : un brouillard épais semblait nous envelopper ; puis un espace plus clair nous rendait la lumière. De nouveaux nuages, ou plutôt des amas de neige, s’amoncelaient rapidement sous nos pieds ; nous étions environnés de toutes parts : une partie tombait perpendiculairement sur les bords extérieurs de notre galerie, qui en retenaient une assez grande quantité ; une autre se fondait en pluie sur Versailles et sur Paris.

Sensations inédites : nous voici au cœur du laboratoire. Comment ne pas croire que le monde nous appartient ?

Jacques Charles, outrepassant un interdit royal, aura quant à lui, le sentiment d’accomplir une transgression ; et il exulte :

Jamais rien n’égalera le moment d’hilarité qui s’empara de mon existence lorsque je sentis que je fuyais la terre, échappé aux tourments affreux de la persécution et de la calomnie : je sentis que je répondais à tout en m’élevant au-dessus de tout. Ce sentiment moral suivit bientôt une impression plus vive encore, l’admiration du majestueux spectacle qui s’offrait à nous ; de quelque côté que nous abaissions nos regards, tout était fête ; au-dessous de nous, un ciel sans nuage ; dans le lointain, l’aspect le plus délicieux[60].

La gamme des plaisirs semble infinie, du côté tant des voyageurs que des spectateurs. Le volume de l’air enfermé qui détermine « la force d’ascension » s’appelle « excès de légèreté »… Jusqu’où ira-t-on ?

Cette histoire a une chute, et le bonheur est court, « rapides moments[61] ». Pilâtre de Rozier, surnommé le nouvel Icare, meurt le 15 juin 1785 en tentant de traverser la Manche en ballon. Des accidents, il y en aura d’autres ; parfois, simplement, le ballon ne décolle pas et les souscripteurs, furieux, le mettent en pièces. L’euphorie retombe. Lavoisier est guillotiné. Et on peut trouver quelque parenté entre l’estrade sur laquelle sont souvent juchés les ballons et l’échafaud[62]. L’aventure aérostatique s’interrompra avant même la Révolution. « De l’escarpolette à l’échafaud », avait écrit aussi Starobinski dans L’Invention de la liberté. On l’a dit, et Jean Deprun le premier : l’inquiétude est au cœur des Lumières. Le goût du mouvement, l’impossible immobilité sont l’in-quiétude même. Et le pelele, ce mannequin lancé en l’air sur un drap tendu par des jeunes filles, est, dans le tableau de Goya, bien triste.

C’est gai, pif !paf ! Mais regardez ces jeux de Goya et ce pantin qui rebondit sur un drap, mélancolique et gai, ce corps en chiffon du pelele qui semble souffrir dans l’air[63].

Mais faut-il faire une lecture à rebours de ce siècle aérien ? Ne cherchons pas trop dans sa fin, en effet icarienne, les signes avant-coureurs de la chute. Après le siècle de Newton, le XVIIIe a peut-être simplement voulu éprouver l’apesanteur.


[*] Article à paraître dans La Licorne, dans un numéro consacré au bonheur au XVIIIe siècle, numéro dirigé par Guilhem Farrugia et Michel Delon.


NOTES

[1] Alain Corbin, Le Miasme et la jonquille, Paris, Aubier Montaigne, 1982, Flammarion, Champs histoire, 2008, p. 375.
[2] Gaston Bachelard, L’Air et les songes. Essai sur l’imagination du mouvement, Paris, José Corti, 1943.
[3] Bernadette Bensaude-Vincent, « Lavoisier : une révolution scientifique » dans Michel Serres (dir.), Éléments d’histoire des sciences, ,Bordas,  1989, p363-385.
[4] Muriel Collart, présentation de Théodore Augustin Mann, Mémoires sur les grandes gelées et leurs effets, Hermann, Météos, 2012, p. 35.
[5] B. Bensaude-Vincent, article cité, p. 372.
[6] Claude Reichler, « Air, orages et météores au tournant du XVIIIe siècle, dans E. Le Roy Ladurie, J. Berchtold, J.P. Sermain, L’Evénement climatique et ses représentations (XVIIe-XIXe siècle), Paris, éditions Desjonquères, 2007, p. 148.
[7] Sur un Air d’Encyclopédie, présentation de Pierre Crépel, Marie Leca-Tsiomis, Irène Passeron, RDE numéro 44, 2009.
[8] Rémi Franckowiack, « Sur un air de chimie dans l’Encyclopédie », dans Sur un Air d’Encyclopédie, op. cit., p. 38.
[9] Ibid., p. 40.
[10] Voir Adrien Paschoud, « Rhétorique scientifique et régime de la preuve », ibid., p. 99-115.
[11] Michel Delon, Sciences de la nature et connaissance de soi au siècle des Lumières, Québec, Tangence éditeur, 2008.
[12] AIR, Encyclopédie, http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.2:33:5./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/
[13] Pedro Pardo Jiménez, « L’air du tableau. De l’Encyclopédie aux Salons », dans Sur un air d’Encyclopédie, op. cit., p. 145.
[14] C.H. Watelet et P.C. Lévesque, Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, chez L.F. Prault, Paris, 1792, article AIR, p. 44.
[15] Ibid.,p.51.
[16] Diderot, Pensées détachées sur la peinture, la sculpture et la poésie, pour servir de suite aux Salons, dans Diderot, Œuvres IV, Esthétique-Théâtre, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1996, p. 1022.
[17] Diderot, Salon de 1763, dans Essais sur la peinture, Salons de 1759, 1761, 1763, Hermann, 2007, p. 220.
[18] Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, p. 54.
[19] Ibid., p. 48.
[20] Alain Corbin, Le Miasme et la jonquille, l’odorat et l’imaginaire social XVIIIe-XIXe siècles, Paris, Flammarion, 1986, repris en Champs histoire, 2008, p. 86.
[21] Ibid., p. 12.
[22] Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte II, scène 1, Préface et notes Annie Ubersfeld, Éditions sociales, 1977, p. 106.
[23] Ibid., III, 16, p. 152.
[24] Jean-Jacques Rousseau, Article AIR, Dictionnaire de musique, 1768. Cité par Béatrice Didier, « L’air dans quelques dictionnaires de musique du XVIII siècle », dans Sur un air d’Encyclopédie, op. cit., p. 93.
[25] Marianne Alphand, Ces Choses-là, POL, 2013, p. 131-132.
[26] Ibid., p. 279.
[27] Boudier de Villemert, Apologie de la frivolité, 1750, cité par Robert Mauzi, L’Idée du bonheur dans la littérature et la pensée française au XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin (1960), 1979, Slatkine reprints p. 420.
[28] Ibid., p. 40.
[29] Robert Mauzi, op.c it., p. 281.
[30] Ibid., p. 382-383.
[31] Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Œuvres complètes I, Paris, Gallimard, la Pléiade,  livre quatrième, p. 172.
[32] Ibid., livre second, p. 58.
[33] Ibid., livre quatrième, p. 162.
[34] Ibid., livre sixième, p. 244.
[35] Ibid., livre quatrième, p. 173.
[36] Ibid. livre sixième, p. 243.
[37] J.J. Rousseau, La Nouvelle Héloïse, Première partie, lettre XXIII, Œuvres complètes II, Gallimard, la Pléiade, 1964, p. 78.
[38] C. Reichler, « Air, orages et météores au tournant du XVIIIe siècle, dans E. Le Roy Ladurie, J. Berchtold, J.P. Sermain, L’Événement climatique et ses représentations (XVIIe-XIXe siècle), op. cit., p. 145-146.
[39] Voir A. Corbin, Le Miasme et la jonquille, op. cit., en particulier p. 119 et 140-141.
[40] R. Mauzi, L’Idée du bonheur…, op. cit., p. 327. On trouvera dans ces pages des extraits du Voyage dans les Pyrénées de Ramond et des Lettres physiques et morales sur la montagne de de Luc : « légèreté du corps », « agilité des membres », « sérénité de la pensée » (Ramond) ; « M. Rousseau a senti exactement comme moi, et j’ai eu même le bonheur d’en jouir une fois avec lui » (de Luc).
[41] Horace Benedict de Saussure, Premières ascensions au Mont Blanc 1774-1787, éditions La Découverte, 1991, p. 214.
[42] Marivaux, Arlequin poli par l’amour, scène 5.
[43] Tiepolo peignit aussi une Escarpolette (1791). Voir dans Jean Starobinski, 1789 Les Emblèmes de la raison (Milano, 1973), Flammarion, 1979, p. 22.
[44] J. Starobinski, L’Invention de la liberté, Skira Flammarion, 1987.
[45] Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, IV, 6, op. cit., p. 165.
[46] Ibid., p. 166.
[47] J.J. Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, Deuxième promenade, Œuvres complètes I, op. cit., p. 1005.
[48] Id.
[49] Marianne Alphand, Ces Choses-là, op. cit., p. 247.
[50] Marie Thébaud-Sorger, L’Aérostation au temps des Lumières, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 117.
[51] Nicolas-Anne-Edmé Restif de la Bretonne, La Découverte australe par un homme-volant ou le Dédale français, 1781.
[52] Antoine Mongez, Mémoire sur l’imitation du vol des oiseaux, lu à l’Académie de Lyon le 11 mai 1773, publié dans L’Esprit des journaux, 30 septembre 1773, Tome III, Partie II, p. 99-107, mis en ligne par Muriel Collart sur le site du Groupe d’étude du dix-huitième siècle de l’université de Liège (GEDHS), http://www.gedhs.ulg.ac.be/recherches/espritdesjournaux/articles/edj730915.html
[53] Voltaire, Micromégas (1752), Gallimard, Folio classique, 2002, p. 17.
[54] Le texte est disponible sur le site de la Société wallonne d’études du dix-huitième siècle (SWEDHS): http://www.swedhs.org/ebibliotheque/ocerisations/robertson.html
[55] Marie Thébaud-Sorger, op. cit., p. 113.
[56] Journal général de France, samedi 26 novembre 1783, cité par Marie Thébaud-Sorger, op. cit., p. 31.
[57] Ibid., p. 237.
[58] M. Thébaud-Sorger renvoie à un article de P. Lazowky, « Globes », paru dans la Revue des sciences humaines, tome LXXI, n° 200, oct.-déc. 1985. Cité dans L’Aérostation au temps des Lumières, op. cit., p. 239.
[59] Affiches, annonces et avis divers de Toulouse, 4 février 1784, « Nouvelles de Toulouse », cité par M. Thébaud-Sorger, op. cit., p. 212.
[60] Relation de Charles, dans le Journal de Paris, 2 décembre 1783. Cité par M. Thébaud-Sorger, op. cit., p. 257-258.
[61] « Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu. Moments précieux et si regrettés, ah recommencez pour moi votre aimable cours ; coulez plus lentement dans mon souvenir s’il est possible, que vous ne fîtes réellement dans votre fugitive succession ». Rousseau, Confessions, livre sixième, op. cit., p. 225.
[62] C’est le mot qu’emploie Marie Thébaud-Sorger pour évoquer cette estrade, « véritable scène de théâtre » dira-t-elle également. op. cit., p. 220.
[63] Marianne Alphant, op. cit., p. 292.

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